Le Venezuela abandonne le dollar pour l'euro
"Le géant pétrolier vénézuélien PDVSA a décidé de signer des contrats en euros, afin de faire face à la baisse du dollar", rapporte dimanche la presse locale, citant des sources officielles. Des propos confirmés à la suite par PDVSA.
"Il y a des contrats en euros, des contrats pour le brut, des produits et des marchés spots en euros. C'est un sujet sur lequel nous travaillons", a déclaré le ministre de l'Energie et président de PDVSA, Rafael Ramirez, dans un entretien au journal El Universal.
Aucun objectif chiffré n'a été fixé par le ministre pour ces nouveaux contrats. Le responsable de la revue Petroleum World, Elio Ohep, a estimé pour sa part que la signature de contrats en euros était une "bonne affaire" pour le Venezuela.
"PDVSA avait toujours eu intérêt à négocier en dollars car la compagnie possède des raffineries aux Etats-Unis et a besoin de cash mais à présent que l'euro monte, elle fait autrement, afin de recevoir davantage (de devises)", a-t-il expliqué.
Le Venezuela, sixième exportateur mondial, produit 3,3 millions de barils par jour selon les chiffres officiels, 2,4 millions selon l'Agence internationale de l'Energie (AIE). La moitié de la production est vendue aux Etats-Unis.
En février 2008, s'exprimant dans un entretien accordé au Middle East Economic Digest (MEED), le secrétaire général de l'Oppida, le libyen Abdallah al Badri, avait déclaré pour sa part que le cartel pétrolier pourrait à terme abandonner le dollar au profit de l'euro pour fixer le prix du baril.
"Peut-être pourrions-nous fixer le prix du pétrole en euro", avait ainsi déclaré al Badri. "Cela peut être fait, mais cela prendra du temps", avait-il néanmoins concédé. "Il a fallu deux guerres mondiales et plus de 50 ans pour que le dollar devienne la devise dominante. Nous voyons actuellement une autre devise forte arriver, qui est l'euro", avait toutefois ajouté Abdallah al Badri.
Certains membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, ayant vu le montant de leurs revenus diminuer avec la dépréciation du billet vert, ont plaidé ces derniers temps pour un abandon de la devise américaine pour la cotation des prix du brut.
L'Iran, dont le programme nucléaire est controversé, et son allié le Venezuela, très opposé aux Etats-Unis, font partie des pays membres de l'Opep qui se sont prononcés en faveur de l'abandon du dollar.
En mai 2006, le président Hugo Chavez, commentant les propos de l'Iran déclarant songer à adopter la devise européenne à la place du dollar américain pour ses exportations de brut, le président Vénézuela avait estimé “intéressante” la proposition faite par le président iranien. “Nous sommes également libres de choisir entre le dollar et l'euro", avait-il rajouté.
L'Iran a depuis décidé de ne plus utiliser le dollar comme monnaie d'échange et de vendre son pétrole en d'autres devises, dont l'euro. En octobre dernier, le ministère du Pétrole iranien avait affirmé que 85 % de la production de brut du pays était vendu dans une devise autre que le dollar.
Pour rappel, l’Iran est le quatrième producteur mondial de pétrole et le deuxième de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, tandis que deux barils de brut sur cinq extraits dans le monde sont produits par l'un des 13 membres de l'Opep.
Sources : AFP, Reuters
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