Les crucificateurs de Jésus sont de retour a Ghaza .

Les renseignements allemands ont été « malhonnêtes

Le Comportement « malhonnête, non professionnel et irresponsable » des renseignements allemands en partie à l'origine du déclenchement de la guerre en Irak

David Kay a été chargé par l'Administration Bush de trouver des Armes de Destruction Massive en Irak après l'invasion. Cependant, au lieu de trouver des armes, ce qu'il a trouvé, a-t-il dit au SPIEGEL, c'est « le plus grand fiasco des Services de Renseignements de toute ma vie »....

Les renseignements allemands ont été « malhonnêtes, non professionnels et irresponsables »

SPIEGEL : à la tête du Groupe de Surveillance de l'Irak, vous avez dirigé les efforts pour vérifier les allégations faites par « Curveball » le demandeur d'asile politique d'Irak, qui a dit aux renseignements allemands que Saddam Hussein construisait des laboratoires mobiles d'armes biologiques. Vous rappelez vous la première fois ou vous avez douté de cette histoire ?

Kay : le vrai choc c'est que la CIA n'avait jamais parlé avec lui directement. Jusqu'à aujourd'hui je ne comprends toujours pas. Comment pouvez vous faire reposer la justification la plus dramatique pour lancer une guerre, sur un individu qu'aucun agent américain n'a jamais directement interrogé ? J'ai tout de suite réalisé que nous devions enquêter à Bagdad sur toute indice concernant « Curveball ».

S : avez-vous été mis au courant par la BND, l'agence des services secrets allemands, avant d'aller en Irak ?

K : aucunement. Cela montre à quel point les relations entre la BND et la CIA étaient empoisonnées, terribles. Les allemands ne nous ont jamais révélé le vrai nom de « Curveball » ce qui a conduit à un mini désastre en Allemagne.

S : qu'est-il arrivé ?

K : des membres de la CIA basés à Munich ont pensé qu'ils avaient son nom et se sont mis à chercher quelqu'un en Allemagne qui avait un nom identique. Il l'ont trouvé – un jeune irakien – sont allés frapper à sa porte sans accord des autorités allemandes. Mais c'était le mauvais type, et il a finalement appelé la police pour se débarrasser des intrus.

S : l'argument invoqué par les allemands pour ne pas fournir l'accès à « Curveball » n'était pas totalement illogique. Il affirmait haïr les américains. Ils auraient trahi sa confiance s'ils l'avaient livré à la CIA.

K : nous savons maintenant, bien sûr, que tout ceci n'avait pas de sens. D'abord nous avons des personnes qui parlent couramment l'allemand et l'arabe. Après le début de la guerre, ayant obtenu le nom des britanniques, nous avons recherché sa famille. Sa mère et son frère se sont montrés coopératifs. Ils nous ont dit qu'il parlait l'anglais – la langue dans laquelle il étudiait à l'université s'était l'anglais. Ils ont aussi dit qu'il avait des projets pour émigrer aux Etats-Unis. Mes hommes ont vu sa chambre, et il y avait des posters de pop stars américaines sur le mur.

S : il semble que vous avez été le premier à avoir l'opportunité de vérifier réellement ce que « Curveball » avait dit.

K : ce qui est tout simplement incroyable. Mon dieu c'était un transfuge et la BND était convaincue que son information avait une telle valeur qu'ils l'ont distribuée par le biais de 100 rapports écrit sur « Curveball » à leurs alliés. Je maintiens ma critique de la BND jusqu'à présent : le fait de ne pas avoir fait de vérification auprès des exilés irakiens en Allemagne qui le connaissaient, de ne pas avoir fait tous les efforts appropriés pour valider la source, c'est un niveau d'irresponsabilité terrible, difficile à imaginer de la part d'un service comme la BND. Et puis le fait qu'ils n'ont pas réussi à fournir un accès direct à cette personne reste l'une des choses les plus frappantes. Cela a constitué un blocage qui a rendu impossible à toute autre service de renseignement de valider son information. Les services allemands n'ont pas été à la hauteur de leurs responsabilités, ni à la hauteur de l'intégrité qu'on est en droit d'attendre d'un tel service.

S : avez-vous une explication sur pourquoi cela est-il arrivé ?

K : j'ai d'abord pensé que c'était parce que les deux gouvernements avaient une répulsion congénitale l'un envers l'autre. J'ai pensé que la BND avait subi une pression politique et ne pouvait pas coopéré pour des raisons politiques. Si les allemands avaient dit à la CIA « nous ne pouvons pas faire cela à cause de Schröder », j'aurais dit « Ok, je comprends. Mais nous raconter cette histoire qui s'est avérée fausse, comme quoi il haissait les américains et ne parlait pas l'anglais – c'était malhonnête, non professionnel et irresponsable. »

S : êtes vous entrain de dire que les renseignements allemands ont, en connaissance de cause, trompé les Etats-Unis sur « Curveball » ? Au sein de la BND, il semble que beaucoup en fait croyait ce qu'il disait.

K : c'est mystérieux pour moi. J'y ai réfléchi pendant longtemps et je n'ai pas d'explication. S'il y a des services de renseignements qui ont de l'expérience avec des transfuges c'est bien la BND. Ils ont eu tellement de transfuges soviétiques. Mais en fait les agents spécialisés avec les transfuges et comment les traiter - - les agents du secteur clandestinité ou opérationnel - - n'avaient rien à voir avec « Curveball ». Ceux qui s'en sont principalement occupés étaient des agents du secteur analytique et technologique de la BND, qui ne savent pas quelle est la première chose à faire quand quelqu'un rentre chez vous, c'est-à-dire trouver qui il est, qui il connaît, quel est son vrai nom, et quelle est sa véritable histoire. Mais il y avait aussi un désir de croire. Les affabulateurs donnent le meilleur d'eux-mêmes lorsqu'il y a en face un désir de croire.

S : quand vous étiez en Irak, votre équipe a trouvé que l'histoire de « Curveball » n'avait rien à voir avez la vérité. Comment la direction de la CIA a réagi à ce que vous avez découvert ?

K : par la résistance et le déni Il y a eu un refus absolu de faire face à la réalité. Je continuais d'entendre : « ne vous arrêtez pas maintenant. Continuez de travailler. Vous devez vous tromper. Vous trouverez quelque chose. Continuez de chercher. »

S : mais on n'a jamais rien trouvé.

K : Non, et les e –mails reçus sont devenus de moins en moins amicaux. Il y avait une guerre en cours à Bagdad, les membres de mon équipe risquaient leur vie chaque jour, et les allemands continuaient de nous refuser l'accès à leur source. Quand nous avons finalement reçu l'autorisation cela a été encore pire.

S : comment cela ?

K : j'ai envoyé deux de mes meilleurs agents en Allemagne – ils y sont restés deux semaines au total. Mais ils n'ont pas été autorisés à l'interroger. Ils ont été autorisés à fournir des questions préliminaires puis de tout regarder sur une vidéo dans une autre pièce. Mais ils n'ont pas été autorisés à soumettre des questions auxquelles on pouvait fournir des réponses immédiates ce qui est l'essence même d'un interrogatoire. Ils étaient furieux, et j'étais furieux. Pourtant ce qu'ils ont vu sur la vidéo était suffisant pour les convaincre que « Curveball » était un affabulateur.

S : est-ce que cela aurait réellement fait une différence si « Curveball « avait été exposé comme un affabulateur avant la guerre ? De toute façon, l'administration Bush voulait partir en guerre.

K : certainement, l'administration avait cette position. Mais ne sous estimez pas l'importance que le lien avec Al Qaeda, les ADM et spécialement, les laboratoires d'armes biologiques, ont joué au Congrès. Vous pouvez êtes pratiquement sûr que cela aurait changer le vote du Congres, l'autorisation donnée. Laissez moi simplement vous dire que cela n'aurait pas été très facile d'entraîner cette nation vers la guerre si vous n'aviez pas eu ces renseignements.

S : quelle leçon tirer du désastre de « Curveball » ?

K je suis sans illusion. Je pense que « Curveball » a été le plus important fiasco de ma vie, celui qui a eu les conséquences les plus importantes au niveau des renseignements. Cela montre à quel point c'est important qu'il y ait un contrôle effectif des services de renseignements, car l'absence de transparence est extraordinairement dangereuse pour la démocratie. Dans les services de renseignements, les agents qui ne font pas de vague sont récompensés. Je crains que les mêmes erreurs puissent de nouveau totalement se répéter.


Interview menée par John Goetz et Marcel Rosenbach Copyright Der SPIEGEL. 22 mars 2008 : www.derspiegel..........Traduction Mireille Delamarre

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