Les crucificateurs de Jésus sont de retour a Ghaza .

La faim gagne le monde, des emeutes dans 32 pays


La Banque mondiale s'inquiète .... et elle a toutes les raisons pour le faire. De nombreux pays – tels que l'Egypte et Haïti - devant faire face désormais à des manifestations de la population qui ne réclame que de pouvoir manger décemment.


Dans un document préparé à l'attention des grands argentiers mondiaux, qui doivent se réunir ce week-end à Washington, l'établissement financier estime que la hausse des cours dans le secteur agro-alimentaire n'est pas un phénomène temporaire. Selon la Banque, d'ici 2015, les cours de la plupart des matières premières devraient rester supérieurs à ceux de 2004...

Les prix des denrées alimentaires devraient ainsi rester élevés en 2008 et 2009 pour décroître ensuite du fait de l'adaptation de la demande à cette augmentation, indique ainsi la Banque, dont le président, Robert Zoellick, s'inquiète pour les pays en développement.

"La communauté internationale doit faire corps, non seulement pour apporter immédiatement son soutien, mais afin d'aider les États à identifier les initiatives et les politiques nécessaires pour réduire les conséquences sur les plus vulnérables", a-t-il déclaré.

Le prix du maïs a établi ainsi un nouveau record mercredi, en montant jusqu'à 6,16 dollars en séance sur le marché à terme de Chicago. Raisons principales d'un tel phénomène : d'importantes exportations, un stock mondial révisé à la baisse et la flambée des cours du pétrole. Les cours des graines de soja se sont également fortement renchéris, tandis que le prix du blé est resté inchangé.

La hausse du pétrole est de nature à faire monter les cours des matières agricoles, ces dernières étant désormais utilisées également pour produire des biocarburants. Le maïs et le soja servent respectivement à la production de l'éthanol et du biodiesel, produits recherchés en ces temps de flambée des cours des hydrocarbures ...

Pour répondre à l'envolée des prix des matières premières agricoles, la Banque propose d'accroître l'aide financière aux plus nécessiteux, estimant que ce type scénario serait celui qui détiendrait le moins d'impacts négatifs.

"Cela soutient le pouvoir d'achat des pauvres sans nuire aux subventions à la production et sans entamer les revenus des vendeurs de nourriture pauvres", souligne-t-elle, proposant en outre une baisse des taxes sur les matières premières alimentaires.

Le Premier ministre britannique Gordon Brown vient quant à lui d'écrire une lettre à son homologue japonais, dont le pays préside le G8, appelant notamment à examiner l'impact des biocarburants sur les prix alimentaires lors du sommet des huit nations les plus industrialisées qui se tiendra au Japon en juillet.

"La hausse des prix alimentaires menace d'annuler les progrès que nous avons réalisés ces dernières années dans le développement. Pour la première fois depuis des décennies le nombre de personnes qui souffre de la faim progresse", écrit M.Brown dans cette lettre à Yasuo Fukuda.

A Haïti, le président René Préval a appelé au calme après que l'île ait été secouée mercredi par de nouvelles émeutes, provoquées par une brusque augmentation des prix des denrées de base. Depuis le début de la crise il y a une semaine, au moins cinq personnes ont été tuées et plus de soixante blessées, selon un bilan non officiel.

Plusieurs pays d'Afrique ont été touchés ces derniers mois par des émeutes de la faim comme l'Egypte, la Mauritanie, le Cameroun, la Côte d'Ivoire, le Burkina et le Sénégal.

Fortement ébranlé par la dernière manifestation des consommateurs, le gouvernement sénégalais a décidé au début du mois de revoir, à la baisse, les prix des produits de consommation courante. La plus spectaculaire étant la baisse de 50 % sur le prix du sac de riz de 50 kilogrammes. D’autres mesures sont annoncées allant de l’huile au sucre en passant par l’eau, l’électricité et le loyer. Ces mesures interviennent au lendemain d’une manifestation des consuméristes appuyée par les partis d’opposition.

La hausse du prix du riz en Asie contraint quant à elle également les gouvernements à réagir avant que les populations du Vietnam ou de la Chine ne s'échauffent. Un "choc alimentaire mondial se profile, moins visible que le choc pétrolier, mais avec l'effet potentiel d'un vrai tsunami économique et humanitaire en Afrique", a mis en garde mardi le commissaire européen au Développement, Louis Michel.

La forte croissance d'économies émergentes comme la Chine et l'Inde a augmenté la demande pour les denrées alimentaires. Mais si le phénomène est aggravé par des mauvaises conditions climatiques dans des pays producteurs comme l'Australie, la spéculation financière et la demande de céréales pour produire les agro-carburants sont loin d'arranger la situation ...

Sources : AFP, Reuters, Le Parisien


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