Palestine : L’Alsace-Lorraine des temps modernes ?
Interview de Jean Bricmont par Emmanuel Katz pour Le Grand Soir :
Palestine , Israël- une réalité complexe, sanglante, dramatique. Pour essayer d’y voir plus clair, nous avons rencontré Jean Bricmont, observateur et analyste lucide des événements du Moyen-Orient .
« Dieu nous a donné cette terre »
JB : Dans toutes les guerres, les deux parties prétendent que Dieu est à leur côté. Il en était ainsi quand, avant la première Guerre mondiale, l’Allemagne et la France se disputaient l’Alsace et la Lorraine. Aujourd’hui, les Israéliens affirment que Dieu leur a donné « la terre d’Israël ». Ils donnent aussi comme justification l’ « holocauste », les millions de Juifs exterminés par les Nazis au cours de la Deuxième Guerre Mondiale. Mais les Arabes n’y étaient pour rien...
Les Arabes sont diabolisés…
JB : Il faut cesser de jeter de l’huile sur le feu ; en particulier, l’Europe doit cesser de prendre parti pour Israël et cesser de provoquer les Arabes et les musulmans (loi sur le voile, caricatures). Il ne faut pas accepter d’ « Israéliser » l’Europe, c’est-à-dire de faire comme s’il y avait un conflit fondamental entre nous et le monde musulman. Nous avons eu assez de conflits historiques avec les Musulmans. Ce qui me préoccupe, c’est que nous avons trop souvent une vision du conflit qui est très partiale et qui est totalement différente de celle qui prévaut dans le monde arabe ; et cela crée des tensions (inutiles) entre eux et nous.
Comment en sortir ?
JB : Il faut avant tout cesser d’être culpabilisés par l’holocauste. L’immense majorité de la population européenne n’était pas née pendant la guerre et elle n’a pas à se sentir éternellement coupable pour des crimes qu’elle n’a pas commis. C’est également vrai pour les Allemands ou pour l’Eglise catholique qui continuent à être particulièrement culpabilisés. Ce ne sont pas non plus les Européens qui ont forcé les Israéliens à coloniser les Territoires. Au contraire, dès 1967, de Gaulle leur a conseillé de ne pas se lancer dans cette entreprise. Nous n’avons pas à assumer les conséquences des choix israéliens.
Qui, selon vous, a droit à Israël ?
JB : : On exige sans cesse des Palestiniens la reconnaissance du « droit d Israël à exister » alors que c’est visiblement l’existence des Palestiniens, au moins comme nation, qui est niée. Je n’aime pas raisonner en termes de droits, parce qu’on en arrive alors à absolutiser des revendications, fondées soi-disant sur ces droits, et qui rendent toute paix impossible. Toute paix concevable en Palestine reviendra à abandonner certains « droits », soit d’un côté soit de l’autre. Elle sera nécesairement « injuste », mais, pour qu’elle soit une paix véritable, il faut éviter qu’elle ne soit trop injuste.
Un état bi-national ?
JB : C’était plus ou moins la position d‘Einstein ou d’Hannah Arendt. Mais je ne pense pas que ce soit à nous de proposer des solutions. Ce que le « mouvement de solidarité » (avec les Palestiniens) pourrait faire de plus utile, c’est de convaincre la majorité des Européens, y compris les hommes politiques, que ce n’est pas dans notre intérêt (bien compris) de soutenir Israël. Il faut combattre avant tout le discours de culpabilisation (sur l’holocauste) et libérer la parole non juive (sur la Palestine), c’est-à-dire soutenir tous les hommes politiques, tous les intellectuels et tous les journalistes que l’on fait taire au nom de la « lutte contre l’antisémitisme », lorsqu’ils disent quelque chose de critique sur Israël. Je ne pense pas qu’il faille attendre des Européens une improbable solidarité avec les Palestiniens, mais plutôt un calcul d’intérêt : à quoi bon antagoniser plus d’un milliard de musulmans en soutenant un petit pays qui n’en fait qu’à sa tête ? Il faut souligner qu’aux Etats-Unis même, de nombreuses voix se lèvent pour critiquer l’alignement de leur politique sur Israël. Contrairement à ce que l’on pense souvent (y compris malheureusement dans le mouvement de solidarité) Israël ne leur a jamais rapporté une goutte de pétrole, leur coûte très cher et leur aliène une grande partie du monde.
Le processus de paix ?
JB : Ilan Pappé dit très justement que ce n’est ni aux Européens, ni aux Américains d’organiser le processus de paix en Israël/Palestine. D’ailleurs ce soi-disant processus de paix est principalement une façade, un leurre…. On doit rappeler que lors du processus dit d’Oslo, il y a eu une extension des colonies juives dans les Territoires occupés. Si on voulait vraiment les évacuer, pourquoi commencer par les occuper encore plus ? Cela n’a aucun sens. Une personne aussi modérée que Régis Debray a d’ailleurs déclaré (dans le Monde Diplomatique d’août 2007) que « nous ne sommes pas tous dupes ». On pourrait même dire que le « processus de paix » a pour fonction…d’éviter la paix. Ou, en tous cas, de tenter de « pacifier » les Palestiniens en les reléguant dans des bantoustans.
Boycotter Israël ?
JB : Récemment, les étudiants de la London School of Economics ont voté pour le boycott des sociétés collaborant avec Israël, sur le modèle de ce qui s’est fait avec l’Afrique du Sud. D’autres syndicats en Angleterre ont fait de même. C’est un pas dans la bonne direction (que nous sommes très loin d’entreprendre en France ou en Belgique). Cela n’a peut-être pas beaucoup d’impact économique (pour le moment), mais c’est un fort signal symbolique, pour dire à nos hommes politiques : nous ne voulons plus de cet alignement sur les Etats-Unis et Isarël.
Que fait la gauche européenne ?
JB : Par rapport aux positions indépendantes d’un de Gaulle, une bonne partie de la gauche européenne est en retrait- à la remorque des Etats-Unis et de l’Etat Israélien. Les partis Socialistes, le Parti de la Gauche Européenne voient trop souvent le conflit à travers le prisme israélien, c’est-à-dire que cette pauvre démocratie est entourée de méchantes dictatures et ne cherche que la paix, en oubliant la source du conflit, qui est la dépossession forcée des Palestinens qui se poursuit depuis des décennies. Un autre problème de la gauche européenne, c’est qu’ils voient partout le fascisme et le racisme. Si l’on critique publiquement Israël, on est immédiatement taxé d’ « antisémitisme » . La Deuxième Guerre mondiale est terminée et il faut aborder les problèmes de notre temps.
Quel est le rôle des Etats Unis ?
JB : On ne peut pas le comprendre sans comprendre le rôle du lobby sioniste américain, très bien analysé par Mearsheimer et Walt, dans leur livre sur ce sujet. Même le candidat qui pourrait en principe être le plus ouvert, Barack Obama, a dit récemment que l’ONU ne doit pas condamner Israël, parce qu’Israël ne faisait que se défendre contre les tirs de roquettes venus de Gaza. Il a aussi fait un discours assez remarquable sur le racisme, où il est arrivé néanmoins à rejetter la responsabilité du conflit sur les musulmans radicaux.
Vous citez Bismarck
JB : Il disait : « Les Balkans ne valent pas la vie d’un seul soldat prussien ». Evidemment, beaucoup de soldats allemands et d’autres sont morts, en partie à cause des ingérences occidentales dans les Balkans. Mais ce serait bien de revenir à une telle realpolitik, de désengagement, qui serait en fait bien plus morale que la politique européenne actuelle, basée soi-disant sur la promotion de la démocratie et des droits de l’homme, arguments qui ne convainquent personne dans la région. Les prétentions morales étant vides, il faut revenir au bon sens. Israël a perdu au Liban et, probablement aussi à Gaza. Les Etats Unis sont en train de perdre en Irak et en Afghanistan. Ce n’est pas dans l’intérêt des Européens de voler au secours de la défaite. Pourtant, c’est ce que font leurs dirigeants (en envoyant plus de troupes en Afghanistan par exemple).
Il y a même des « Chrétiens Sionistes »
JB : Difficile de mieux illustrer le caractère religieux et non économique de ce conflit qu’en rappelant les positions aberrantes des « Chrétiens Sionistes » , qui préconisent la judaïsation de la Palestine historique, comme condition du retour de Jésus, et .. .de la conversion des juifs. Ce courant fondamentaliste protestant a fait sa jonction avec des sionistes radicaux et les néo-conservateurs. Mais, pour moi, il n’est pas essentiel. Si les élites américaines arrivaient à élaborer et à imposer une politique conforme à leurs intérêts bien compris, ces gens seraient rapidemment marginalisés. Mais un débat ouvert sur les intérêts réels des Etats-Unis au Moyen-Orient est très difficile. Quand l’ex-président Carter, qui en plus est prix Nobel de la paix, a essayé de l’ouvrir, il s’est vite fait mettre de côté.
Revenons au Hamas et à Gaza
JB : Récemment, David Rose, dans le magazine Vanity Fair, a révélé que les Etats-Unis, via leur homme fort, le Palestinien Mohammed Dahlan, avait préparé un coup de force contre le Hamas- ce qui a entraîné le contre-coup de juin 2007 et la prise de contrôle de Gaza par le Hamas. La popularité du Hamas s’en est trouvé fortement renforcée, pas seulement à Gaza mais dans les territoires occupés. L’intelligence politique consiste à comprendre, à un moment donné, le sens de l’histoire, ce qu’avait d’ailleurs fait de Gaulle en 1967 et, avant cela, en Algérie. Il faut être aveugle aujourd’hui pour continuer à penser que ce sont les Etats-Unis et Israël qui gagnent. Et il est idiot pour les Européens de monter dans un navire qui coule.
version révisée pour le Grand Soir, 4 mai
Jean Bricmont est professeur de physique théorique à l’Université de Louvain (Belgique).
http://www.legrandsoir.info/spip.php ?article6607
JB : Il faut cesser de jeter de l’huile sur le feu ; en particulier, l’Europe doit cesser de prendre parti pour Israël et cesser de provoquer les Arabes et les musulmans (loi sur le voile, caricatures). Il ne faut pas accepter d’ « Israéliser » l’Europe, c’est-à-dire de faire comme s’il y avait un conflit fondamental entre nous et le monde musulman. Nous avons eu assez de conflits historiques avec les Musulmans. Ce qui me préoccupe, c’est que nous avons trop souvent une vision du conflit qui est très partiale et qui est totalement différente de celle qui prévaut dans le monde arabe ; et cela crée des tensions (inutiles) entre eux et nous.
Comment en sortir ?
JB : Il faut avant tout cesser d’être culpabilisés par l’holocauste. L’immense majorité de la population européenne n’était pas née pendant la guerre et elle n’a pas à se sentir éternellement coupable pour des crimes qu’elle n’a pas commis. C’est également vrai pour les Allemands ou pour l’Eglise catholique qui continuent à être particulièrement culpabilisés. Ce ne sont pas non plus les Européens qui ont forcé les Israéliens à coloniser les Territoires. Au contraire, dès 1967, de Gaulle leur a conseillé de ne pas se lancer dans cette entreprise. Nous n’avons pas à assumer les conséquences des choix israéliens.
Qui, selon vous, a droit à Israël ?
JB : : On exige sans cesse des Palestiniens la reconnaissance du « droit d Israël à exister » alors que c’est visiblement l’existence des Palestiniens, au moins comme nation, qui est niée. Je n’aime pas raisonner en termes de droits, parce qu’on en arrive alors à absolutiser des revendications, fondées soi-disant sur ces droits, et qui rendent toute paix impossible. Toute paix concevable en Palestine reviendra à abandonner certains « droits », soit d’un côté soit de l’autre. Elle sera nécesairement « injuste », mais, pour qu’elle soit une paix véritable, il faut éviter qu’elle ne soit trop injuste.
Un état bi-national ?
JB : C’était plus ou moins la position d‘Einstein ou d’Hannah Arendt. Mais je ne pense pas que ce soit à nous de proposer des solutions. Ce que le « mouvement de solidarité » (avec les Palestiniens) pourrait faire de plus utile, c’est de convaincre la majorité des Européens, y compris les hommes politiques, que ce n’est pas dans notre intérêt (bien compris) de soutenir Israël. Il faut combattre avant tout le discours de culpabilisation (sur l’holocauste) et libérer la parole non juive (sur la Palestine), c’est-à-dire soutenir tous les hommes politiques, tous les intellectuels et tous les journalistes que l’on fait taire au nom de la « lutte contre l’antisémitisme », lorsqu’ils disent quelque chose de critique sur Israël. Je ne pense pas qu’il faille attendre des Européens une improbable solidarité avec les Palestiniens, mais plutôt un calcul d’intérêt : à quoi bon antagoniser plus d’un milliard de musulmans en soutenant un petit pays qui n’en fait qu’à sa tête ? Il faut souligner qu’aux Etats-Unis même, de nombreuses voix se lèvent pour critiquer l’alignement de leur politique sur Israël. Contrairement à ce que l’on pense souvent (y compris malheureusement dans le mouvement de solidarité) Israël ne leur a jamais rapporté une goutte de pétrole, leur coûte très cher et leur aliène une grande partie du monde.
Le processus de paix ?
JB : Ilan Pappé dit très justement que ce n’est ni aux Européens, ni aux Américains d’organiser le processus de paix en Israël/Palestine. D’ailleurs ce soi-disant processus de paix est principalement une façade, un leurre…. On doit rappeler que lors du processus dit d’Oslo, il y a eu une extension des colonies juives dans les Territoires occupés. Si on voulait vraiment les évacuer, pourquoi commencer par les occuper encore plus ? Cela n’a aucun sens. Une personne aussi modérée que Régis Debray a d’ailleurs déclaré (dans le Monde Diplomatique d’août 2007) que « nous ne sommes pas tous dupes ». On pourrait même dire que le « processus de paix » a pour fonction…d’éviter la paix. Ou, en tous cas, de tenter de « pacifier » les Palestiniens en les reléguant dans des bantoustans.
Boycotter Israël ?
JB : Récemment, les étudiants de la London School of Economics ont voté pour le boycott des sociétés collaborant avec Israël, sur le modèle de ce qui s’est fait avec l’Afrique du Sud. D’autres syndicats en Angleterre ont fait de même. C’est un pas dans la bonne direction (que nous sommes très loin d’entreprendre en France ou en Belgique). Cela n’a peut-être pas beaucoup d’impact économique (pour le moment), mais c’est un fort signal symbolique, pour dire à nos hommes politiques : nous ne voulons plus de cet alignement sur les Etats-Unis et Isarël.
Que fait la gauche européenne ?
JB : Par rapport aux positions indépendantes d’un de Gaulle, une bonne partie de la gauche européenne est en retrait- à la remorque des Etats-Unis et de l’Etat Israélien. Les partis Socialistes, le Parti de la Gauche Européenne voient trop souvent le conflit à travers le prisme israélien, c’est-à-dire que cette pauvre démocratie est entourée de méchantes dictatures et ne cherche que la paix, en oubliant la source du conflit, qui est la dépossession forcée des Palestinens qui se poursuit depuis des décennies. Un autre problème de la gauche européenne, c’est qu’ils voient partout le fascisme et le racisme. Si l’on critique publiquement Israël, on est immédiatement taxé d’ « antisémitisme » . La Deuxième Guerre mondiale est terminée et il faut aborder les problèmes de notre temps.
Quel est le rôle des Etats Unis ?
JB : On ne peut pas le comprendre sans comprendre le rôle du lobby sioniste américain, très bien analysé par Mearsheimer et Walt, dans leur livre sur ce sujet. Même le candidat qui pourrait en principe être le plus ouvert, Barack Obama, a dit récemment que l’ONU ne doit pas condamner Israël, parce qu’Israël ne faisait que se défendre contre les tirs de roquettes venus de Gaza. Il a aussi fait un discours assez remarquable sur le racisme, où il est arrivé néanmoins à rejetter la responsabilité du conflit sur les musulmans radicaux.
Vous citez Bismarck
JB : Il disait : « Les Balkans ne valent pas la vie d’un seul soldat prussien ». Evidemment, beaucoup de soldats allemands et d’autres sont morts, en partie à cause des ingérences occidentales dans les Balkans. Mais ce serait bien de revenir à une telle realpolitik, de désengagement, qui serait en fait bien plus morale que la politique européenne actuelle, basée soi-disant sur la promotion de la démocratie et des droits de l’homme, arguments qui ne convainquent personne dans la région. Les prétentions morales étant vides, il faut revenir au bon sens. Israël a perdu au Liban et, probablement aussi à Gaza. Les Etats Unis sont en train de perdre en Irak et en Afghanistan. Ce n’est pas dans l’intérêt des Européens de voler au secours de la défaite. Pourtant, c’est ce que font leurs dirigeants (en envoyant plus de troupes en Afghanistan par exemple).
Il y a même des « Chrétiens Sionistes »
JB : Difficile de mieux illustrer le caractère religieux et non économique de ce conflit qu’en rappelant les positions aberrantes des « Chrétiens Sionistes » , qui préconisent la judaïsation de la Palestine historique, comme condition du retour de Jésus, et .. .de la conversion des juifs. Ce courant fondamentaliste protestant a fait sa jonction avec des sionistes radicaux et les néo-conservateurs. Mais, pour moi, il n’est pas essentiel. Si les élites américaines arrivaient à élaborer et à imposer une politique conforme à leurs intérêts bien compris, ces gens seraient rapidemment marginalisés. Mais un débat ouvert sur les intérêts réels des Etats-Unis au Moyen-Orient est très difficile. Quand l’ex-président Carter, qui en plus est prix Nobel de la paix, a essayé de l’ouvrir, il s’est vite fait mettre de côté.
Revenons au Hamas et à Gaza
JB : Récemment, David Rose, dans le magazine Vanity Fair, a révélé que les Etats-Unis, via leur homme fort, le Palestinien Mohammed Dahlan, avait préparé un coup de force contre le Hamas- ce qui a entraîné le contre-coup de juin 2007 et la prise de contrôle de Gaza par le Hamas. La popularité du Hamas s’en est trouvé fortement renforcée, pas seulement à Gaza mais dans les territoires occupés. L’intelligence politique consiste à comprendre, à un moment donné, le sens de l’histoire, ce qu’avait d’ailleurs fait de Gaulle en 1967 et, avant cela, en Algérie. Il faut être aveugle aujourd’hui pour continuer à penser que ce sont les Etats-Unis et Israël qui gagnent. Et il est idiot pour les Européens de monter dans un navire qui coule.
version révisée pour le Grand Soir, 4 mai
Jean Bricmont est professeur de physique théorique à l’Université de Louvain (Belgique).
http://www.legrandsoir.info/spip.php ?article6607
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