Les crucificateurs de Jésus sont de retour a Ghaza .

« Washington cherche à approfondir les divisions palestiniennes »


Al-Ahram Hebdo : Le Djihad islamique a participé avec le Hamas à des discussions avec des responsables sécuritaires égyptiens sur la possibilité d’une trêve militaire avec Israël. Où en êtes vous ?

Khaled Al-Batch : L’idée d’une accalmie avec Israël a été proposée depuis longtemps au mouvement du Djihad islamique. Mais nous avons clairement dit que la balle est dans le camp israélien. C’est Israël qui poursuit ses attaques. Cependant, quand la partie égyptienne a dernièrement soumis l’idée de l’accalmie et de la suspension des tirs de missiles, nous avons répondu que l’accalmie doit être réciproque, globale et mutuelle, qu’il faut libérer les détenus palestiniens et qu’Israël doit arrêter ses attaques contre les civils dans la bande de Gaza et en Cisjordanie. Nous avons également répondu qu’il faut étudier, avec le dossier de l’accalmie, ceux de la conciliation nationale, de la levée du blocus, de l’ouverture des points de passage et de la remise en ordre de la maison palestinienne intérieure. Si ces idées sont acceptées, nous discuterons de l’affaire avec la partie égyptienne dans une prochaine rencontre. Si Israël arrête ses attaques, nous étudierons positivement ces questions. Par contre si Israël poursuit ses attaques contre le peuple palestinien et si les Palestiniens ne parviennent pas à réaliser une réconciliation nationale, il sera difficile pour nous au sein du mouvement du Djihad d’accepter une accalmie avec l’ennemi.





Quelles sont les chances d’une réconciliation entre le Fatah du président Mahmoud Abbass et les islamistes du Hamas et du Djihad ?

— Nous ne pouvons nier le rôle américain qui entrave le dialogue national palestinien. En effet, l’Administration américaine refuse la reformulation du projet national palestinien selon des fondements nationaux. Les Américains ont tenté d’approfondir la division interne des Palestiniens et ont soutenu Israël dans toutes ses opérations militaires afin d’approfondir cette division et de créer une entité à Gaza et une autre en Cisjordanie. Ils ne veulent ni une union ni une réconciliation. C’est pourquoi ils font pression pour empêcher le dialogue entre les différentes parties palestiniennes. Ceci est fort dangereux, mais je pense en tant que Palestinien et en tant que membre du Djihad que le dialogue sera engagé à la fin. J’espère que ce dialogue verra le jour le plus tôt possible.

Le président Mahmoud Abbass a d’ailleurs déclaré au cours de sa dernière rencontre avec les Egyptiens qu’il était prêt à effectuer une réconciliation. Idem pour le Hamas. L’Egypte, l’Arabie saoudite, le Yémen ainsi que d’autres parties arabes déploient de grands efforts dans cette direction. Le Djihad islamique a déclaré qu’accepter une accalmie avec Israël est conditionné par la réconciliation. Ce afin de faire pression sur les Américains et sur tous ceux qui ne veulent pas du dialogue inter-palestinien.

Dans ce contexte, je fais appel à l’Egypte, à l’Arabie saoudite et au Yémen ainsi qu’aux autres parties arabes pour qu’ils fassent pression dans la voie de la réconciliation et du dialogue, car la division a porté préjudice à la cause palestinienne. L’état de division interne ne bénéficie à aucune partie arabe et ses répercussions ne se limiteront pas à Gaza. Elles s’étendront à tous les pays arabes.

Pensez-vous que le succès du dialogue inter-palestinien est lié aux politiques de parties régionales qui ont d’autres intérêts incompatibles avec ceux des factions palestiniennes ?

— Je ne suis pas d’accord avec cette assertion. Cependant, je ne peux omettre l’importance du rôle arabe. En effet, la cause palestinienne est une cause arabe et islamique et chacun a un rôle dans le soutien au peuple palestinien. Cependant, lier notre réconciliation et notre union nationales à la bonne volonté de parties d’ici et là est insensé. Les seuls perdants de la réconciliation sont Israël et les Américains et les plus grands gagnants sont le peuple palestinien et les pays arabes. Cependant, nous ne lions pas notre destin à des équilibres et des donnes régionaux malgré leur influence importante sur la cause palestinienne.

Pensez-vous qu’Israël s’apprête à une grande action militaire contre la bande de Gaza, notamment après l’attaque palestinienne, la semaine dernière, à Jérusalem-ouest ?

— Israël n’attendait pas l’attentat de Jérusalem pour attaquer le peuple palestinien. Quand il a tué 140 Palestiniens à Gaza, l’attentat de Jérusalem n’avait pas encore eu lieu. Israël a pris la décision d’entreprendre une escalade pour retrouver le prestige perdu de son armée au Liban ou du moins pour retrouver la confiance de ses citoyens en son armée après les tirs continus de roquettes en réponse aux massacres israéliens. Israël n’arrêtera pas ses attaques contre le peuple palestinien à Gaza. Nous effectuons notre devoir de nous défendre. Bien qu’il ait tué plus de 140 Palestiniens, blessé quelque 400 autres et détruit de nombreuses maisons, Israël a découvert que la résistance n’a pas capitulé et que l’objectif de l’opération ne s’est pas réalisé.

Je pense que la réduction des attaques contre la bande de Gaza est liée à l’invitation lancée par Condoleezza Rice d’ouvrir le dialogue entre Palestiniens et Israéliens pour parvenir à une accalmie et réduire la tension, afin que le sommet de Damas se termine sans problèmes. L’objectif est que les leaders arabes ne prennent pas de décisions dans la direction de retirer l’initiative de paix arabe, de soutenir le peuple palestinien, de suspendre la normalisation avec Israël ou de lever unilatéralement le blocus qu’impose Israël. C’est pour toutes ces raisons que Mme Rice a voulu barrer la route aux leaders arabes et à tous les appels à un soutien du peuple palestinien. Elle cherche à faire baisser la tension jusqu’à la tenue du sommet arabe à Damas.

Le président Mahmoud Abbass soutient que l’organisation d’Al-Qaëda est désormais présente dans la bande de Gaza. Qu’en pensez-vous ?

— Ceci n’a rien de vrai. Al-Qaëda n’a aucune présence à Gaza. Cependant, nous plaçons les déclarations échangées entre Abou-Mazen et le Hamas à ce propos dans le cadre de la tentative de faire pression l’un sur l’autre. En d’autres termes, chaque partie essaye d’influencer l’autre partie et de la placer dans une situation difficile. Partant, ces déclarations se situent dans le cadre de la crise palestinienne interne. C’est pourquoi nous disons qu’il ne faut pas accorder une attention à ces dires et nous devons avancer sur la voie de la réconciliation et du dialogue. De plus, nous devons arrêter de prononcer des déclarations qui n’avancent en rien et qui ne consolident pas le dialogue. Ces déclarations sont dangereuses et portent atteinte à notre cause. Je pense qu’il ne faut pas exagérer la division ainsi que les hostilités internes. C’est pourquoi j’invite Abou-Mazen ainsi que les membres de Hamas à saisir l’occasion pour avancer sur la voie du dialogue et de la réconciliation.

La revue américaine Vanity Fair a dévoilé que l’Administration de George Bush planifiait le renversement du gouvernement de Hamas par la force en soutenant Mohamed Dahlane, l’ancien conseiller de la sécurité nationale du président Mahmoud Abbass. Mais, le Hamas a découvert ce plan et l’a avorté avant son exécution. Qu’en pensez-vous ?

— Le mouvement du Djihad islamique pense que l’Administration américaine actuelle est responsable de la crise palestinienne actuelle, de la mort du président Arafat et de l’avortement des efforts d’établissement de l’Etat palestinien indépendant. Elle est également responsable aujourd’hui de la crise du président Mahmoud Abbass et du peuple palestinien tout entier, ainsi que de l’effondrement du gouvernement de l’union nationale qui était présidé par Ismaïl Haniyeh. Partant, les Américains sont responsables de tous les drames du peuple palestinien. Bien que nous soyons convaincus au sein du Djihad que le rôle américain a toujours été négatif dans la région, nous disons que la publication de ces informations à ce moment vise à renforcer la division et empêcher la réconciliation entre le Hamas et le Fatah. En effet, il existe actuellement des efforts égyptiens, saoudiens, yéménites conjoints avec l’aide du Djihad islamique. Mais, les Américains ne veulent pas que cette réconciliation voie le jour. C’est pourquoi ils commencent aujourd’hui à sortir ces informations.

Propos recueillis par Achraf Aboul-Hol

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