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Afghanistan : les survivants témoignent du bombardement d’une cérémonie de mariage

Un reporter de la BBC a pu se rendre sur les lieux du bombardement américain qui a massacré en trois frappes successives 47 personnes, pour la plupart femmes et enfants, participants à une cérémonie de mariage dans la province de Nangarhar. Les témoignagnes qu’il a recueilli sont accablants.

Alastair Leithead, BBC, 13 juillet 2008

Au sommet d’une colline dans les montagnes de l’est de l’Afghanistan, on voit les trois zones d’impact carbonisées, là où les bombes américaines ont frappé.

Tout autour sont dispersés des morceaux de métal tordu, des taches de sang et de petits fragments de vêtements brodés de couleurs vives - ceux que les épouses afghanes portent lors de leur journée de noces....

Après des heures de route pour parvenir à ce village situé dans une région reculée de la région rebelle des montagnes de Nangarhar, nous avons entendu maintes et maintes fois le récit effroyable de cette terrible journée.

Ce qui avait commencé comme une célébration s’est terminé par la mort de sans doute 52 personnes, en majorité des femmes et des enfants, et d’autres victimes grièvement blessées.

Les forces américaines ont déclaré avoir ciblé les insurgés dans cette frappe aérienne. Mais d’après ce que j’ai vu de mes propres yeux et entendu de nombreuses personnes éplorées, aucun militant ne figure parmi les morts.

Bombardement d’enfants

Une grande cérémonie se tenait à l’occasion d’un double mariage entre deux familles, chacune d’entre elles échangeant une épouse et un mari.

Ainsi, le fils et la fille de Lal Zareen devaient se marier le même jour.

Il nous a fait le récit de cette journée avec son fils, de 13 ans, le jeune marié, assis à ses pieds.

« C’est toute la famille qui me reste », déclare-t-il sur le ton étrange d’un constat.

De son récit et de ceux d’autres survivants, il ressort que le groupe des participants au mariage traversait un passage étroit dans les montagnes séparant les vallées où vivent les deux familles.

Surgi de nulle part, un jet volant bas a largué une bombe directement sur le sommet de la passe à proximité d’un groupe d’enfants qui s’étaient porté en avant et se reposaient, en attentant que les femmes rattrapent leur retard.

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Lal Zareen attendait avec impatience l’arrivée de ses invités lorsqu’il a entendu l’explosion et a commencé à gravir la piste escarpée menant à la passe.

Zareen Shah faisait partie du groupe se trouvant sur le chemin - il avait échappé de justesse à la première bombe et a dit aux femmes de rester là où elles étaient tout en se précipitant pour venir en aide aux enfants.

Deuxième explosion

Shah Zareen a ramassé l’un des blessés, couru vers le bas au village et sur le chemin il a appelé un membre local du Parlement sur un téléphone portable pour dire qu’ils avaient été attaqués.

Mais il a alors entendu une deuxième explosion - une bombe avait été larguée sur le groupe de femmes et la quasi-totalité d’entre elles ont été tuées.

Trois jeunes filles en avaient réchappé, dont l’épouse, mais alors qu’elles dévalaient la colline une troisième bombe a explosé sur elles.

Shah Zareen m’a expliqué que l’une des nombreuses nouvelles tombes creusées n’avait recueilli que les parties du corps de deux ou trois personnes et que les tombes non utilisées étaient destinées à ceux qui étaient encore portés disparus - une fois que leurs dépouilles auront été trouvées.

(JPG) Les membres de l’équipe de la BBC étaient les premiers étrangers à observer les lieux d’impact des bombes - même les enquêteurs afghans n’avaient pas escaladé ces montagnes escarpées - et il y avait de nombreuses preuves à l’appui de ces récits.

Le fait nous ayons pu nous rendre dans cette région dans des véhicules locaux prouve que les insurgés talibans, membre d’Al-Qaida ou combattants étrangers n’étaient pas présents dans la vallée.

Les gens nous ont dit qu’ils n’avaient pas vu les militants, mais ont admis il pourrait y avoir eu des personnes franchissant la passe au sommet de la crête voisine qui conduit à Tora Bora, région connue pour ses insurgés.

Des erreurs coûteuses

L’armée américaine affirme qu’elle enquête sur l’incident et il apparaît qu’elle pourrait détenir un enregistrement vidéo réalisé quelques heures plus tôt montrant des insurgés se déplaçant à proximité.

Mais il semble évident qu’une énorme erreur a été commise le 6 Juillet. Un communiqué US au sujet de ce bombardement indique que : « toute perte de vie innocente est tragique ».

« Je vous assure que nous ne ciblons pas de civils et que nos forces font de grands efforts pour éviter des victimes civiles », a déclaré le lieutenant Nathan Perry.

Les États-Unis n’affirme plus désormais que les morts étaient des insurgés, comme ils l’avaient fait durant les deux jours qui ont suivi le bombardement, mais il pourrait s’écouler un certain temps avant que l’enquête ne se termine.

Ces victimes civiles ne sont pas une première pour la province de Nangarhar - l’année dernière un convoi de Marines américains avait été visé par un attentat à la bombe et dans la confusion, les soldats avaient ouvert le feu dans un marché local, tuant 19 personnes.

Ces hommes ont été renvoyés chez eux et leurs officiers inculpés, mais une décision ultérieure les a dégagé de toute responsabilité pour ces morts.

Mirwais Yasini, un élu de la région qui est le vice-président du parlement Afghan, souligne que le nombre de victimes civiles élargit le fossé entre le peuple et le gouvernement et les forces internationales.

Durant un autre service commémoratif se tenant dans ces montagnes, Zareen Lal m’a confié : « Je veux que le Président Karzai s’assure que les personnes responsables de cela aient à répondre devant la justice. »

Cela dépendra des conclusions de l’armée américaine et des décisions du gouvernement afghan.

Ces erreurs sont incroyablement coûteuses dans une campagne anti-insurrectionnelle qui consiste à rallier les populations, et non pas à les retourner contre les autorités.

Je me demande combien de nouveaux ennemis vont se dresser à Nangarhar, à la suite de cette dernière effusion de sang ?

Publication originale BBC, traduction ContreInfo


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